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Clubs et équipes de prévention

Notice

C’est en juin 1944, à Lille, qu’est mentionnée pour la première fois la mise en place d’activités de prévention de la délinquance juvénile, une expérience totalement nouvelle qui ne se rattacherait à aucune formule connue. Elle se base pourtant sur un constat qui n’a pas manqué d’inquiéter notables et philanthropes depuis la fin du XIXe siècle, celui de la présence, ressentie comme de plus en plus nombreuse, de jeunes citadins livrés à la rue, oisifs regroupés en bandes et traînant leur ennui. La nouveauté repose sur la méthode proposée : il n’y a plus lieu de procéder à des rafles et de les prendre en charge dans un cadre institutionnel fermé, mais plutôt d’essayer « d’utiliser les bandes telles qu’elles sont constituées, avec leur hiérarchie naturelle ». Il faut alors les approcher, les pénétrer et, grâce à des techniques d’amorçage ou d’accrochage affectif, les ramener sur le bon chemin en leur proposant des activités saines et bien encadrées et ainsi désamorcer leurs tendances antisociales. Il s’agit ainsi de canaliser leur enthousiasme et si possible leur faire abandonner l’uniforme à la mode (cheveux au vent, bottes, blousons en cuir, large ceinturon à tête de mort). Pour ce faire, il semble absolument nécessaire que l’éducateur descende dans la rue pour acquérir une connaissance exacte des jeunes et de leurs besoins. Il doit s’imprégner de l’état d’esprit du quartier, ressentir le drame de leur situation, l’état de servitude dans lequel beaucoup d’entre eux sont maintenus par un travail dépersonnalisant, l’insalubrité et la promiscuité de leur logement avec l’immoralité qu’il engendre. Sa tête doit faire partie du décor. Pour cette prise de contact deux moyens souvent complémentaires sont expérimentés : la création de clubs - souvent un local précaire, une baraque ou une ancienne boutique – qui tentent d’attirer les jeunes du quartier environnant en leur proposant des activités sportives et de loisirs ; ou bien la constitution d’équipes de rue. Faisant acte de présence, l’éducateur arpente, seul ou à deux, un secteur bien délimité par des îlots ou des « frontières naturelles » (un boulevard, un parc, une place, une ligne aérienne de métro) qui dessinent des figures géométriques : cercles, triangles, trapèze rectangle arrondi… Dans ces territoires d’intervention de l’éducateur de rue, sont recensés les « points chauds » ou « points névralgiques » : ensembles HLM, terrains vagues, squares, arrière-salles de cafés, bals, fêtes foraines, sorties de cinéma, bouches de métro, coins de rue, etc. qui sont autant de lieux de rencontre des jeunes du quartier. Sans mandat judiciaire, l’activité de l’éducateur de prévention repose sur la libre adhésion des jeunes qu’il aborde, en lui garantissant en contrepartie anonymat et confidentialité.

Texte : Mathias Gardet

Source illustration : photo Association Foyer Duquesne à Dieppe, 1966

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