L’enseignement dispensé dans les établissements pour mineurs de Justice est avant tout professionnel ou ménager, une faible place étant réservé pour le scolaire. On retrouve un peu partout les mêmes filières toutes tracées : mécanique, électricité, forge-serrurerie, menuiserie, cordonnerie, maçonnerie, élevage pour les garçons ; dactylographie couture, travaux ménagers ou fermiers pour les filles… Voulait-on en faire de bons ouvriers, de bonnes servantes ou de bonnes mères de familles ? Ces filières ont certes évolué, mais le poids des traditions et le manque de moyens semblent avoir dominé. Les objets fabriqués dans les ateliers présentent en tout cas une forte ressemblance au fil des années : tabourets, portes-revues, bougeoirs…, formatés selon les épreuves du Certificat d’Aptitude Professionnel. Seuls quelques chefs d’œuvre exposés avec fierté par certains centres dénotent de l’ensemble et veulent faire appel à un esprit de compagnonnage. Le choix offert aux jeunes à leur arrivée dans l’institution, si choix il y avait, correspondait-il à leurs ambitions, à leurs rêves ? Cela n’a certainement pas toujours été le cas, même si certains y ont trouvé un complément d’apprentissage pour des métiers qu’ils avaient commencé à exercer. La hiérarchie implicite dans la répartition des ateliers selon le quotient intellectuel présumé des jeunes a souvent été plus déterminante.
