Logo Enfants en justice
Visite
Logo Ministère de la justice
Visite
Logo de l'article Mineur·e·s en prison

Enfants né·e·s en prison

Notice

Quand on évoque les mineur·e·s en prison, on pense automatiquement aux jeunes détenu·e·s punis par une peine d’enfermement. Mais qu’en est-il des enfants né·e·s d’une mère incarcérée ? La question de l’emprisonnement des femmes pose en effet un dilemme aux philanthropes, législateurs, politiciens, etc., dès que s’y entrecroise le problème de la maternité. Bien que la présence de nouveaux-nés en prison heurte les sensibilités, les liens existants entre la mère et son enfant sont estimés indissociables et ne pouvant être rompus sans danger pour le bébé. La prison de Fresnes se dote ainsi d’un « quartier des nourrices » pour les femmes enceintes ou déjà mères. Mais, en punissant la mère, en la mettant à l’écart de la société, est-ce qu’on ne châtie pas aussi son enfant ? En laissant la femme accoucher en détention, ne marque-t-on pas à vie l’enfant du sceau honteux : « né·e en prison » ? Ou bien, au contraire, la pire des punitions pour cet·te enfant serait-elle de le priver des soins maternels ? À ces considérations de type psychologique se mêle aussi un aspect moral, comme si la maternité avait un pouvoir de rédemption. D’une femme ayant avoué un meurtre on dira : « criminelle certes, mais cependant mère jusqu’au bout des ongles. Capable peut-être, par amour pour son enfant, de se régénérer, de devenir une autre femme ». Jusqu’à la Libération, l’Administration pénitentiaire privilégie le droit de garde pour la mère détenue, l’enfant pouvant rester à ses côtés jusqu’à l’âge de 4 ans. Puis l’atmosphère étant jugée traumatisante pour le jeune enfant, dont les premiers souvenirs ne sauraient être imprégnés de l’ambiance carcérale, l’âge de l’enfant est abaissé à 18 mois. Au-delà de ces considérations, les conditions matérielles d’accueil sont fortement débattues : l’hygiène, le décor, le couchage sont souvent considérés déplorables. Jusqu’où peut-on permettre le confort pour des femmes dont l’expiation est jugée nécessaire ? Peut-on oublier leur faute, à partir du moment où elles ont leur enfant dans les bras ? Si cette question fait débat chez les acteurs du pénitentiaire, elle reste malheureusement encore jusqu’à aujourd’hui un angle mort de la recherche.

Texte : Mathias Gardet

Documents

Liens externes

À la prison de Fleury-Mérogis, une crèche pour les femmes détenues (P. Gyuonnet, 2018)

La prison de Fleury-Mérogis, dans la banlieue sud de Paris, est le premier centre pénitentiaire français à disposer d’une crèche pour accueillir les bébés des femmes incarcérées (article de Paul Gyuonnet).

Bibliothèque numérique de l’ENAP

L’Enap met ici à votre disposition, en consultation et / ou en téléchargement, de nombreuses ressources documentaires sur le champ pénitentiaire : actes de colloques, études et recherches, catalogues (formation continue, mémoires des élèves,...), bibliographies, ...

Femmes en prison : travaux du Bureau quaker des Nations unies

Le Quaker United Nations Office (QUNO), ONG auprès des Nations Unies, agit au sujet des femmes en prisons depuis 2003.

L’autorité parentale sur un enfant de 18 mois en prison (A. Amado, 2019)

L’exercice de l’autorité parentale en prison est un « exercice sous tension », marqué à la fois par un déséquilibre au détriment du parent ne vivant pas avec l’enfant et le contrôle constant de l’administration pénitentiaire. Référence : Ariane Amado, « L’autorité parentale sur un enfant de 18 mois en prison, un exercice sous tension », Enfances & Psy, n°83, 2019, p. 50-57

Le quartier des nourrices de la prison Saint-Lazare en 1902 – Criminocorpus

En 1902, l’hebdomadaire L’Illustration réalise un reportage sur la prison Saint-Lazare, située au 107 de la rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris 10e, « destinée à une disparition prochaine ».
Plusieurs articles paraissent dont un, le 26 avril 1902, se félicitant du fait que l’on ait accordé l’autorisation aux détenues mères de conserver auprès d’elles leurs enfants en bas âge…