Malgré le discours des philanthropes au XIXe-XXe siècles, qui a mis l’accent sur les actions menées pour sortir les mineurs du milieu carcéral, la prison est toujours restée un référent majeur. Les jeunes détenus ont toujours existé, plus ou moins nombreux, mélangés aux adultes ou cantonnés dans des quartiers distincts, quand on ne rêve pas de construire une prison pour eux. Or, l’Administration pénitentiaire puis la Direction de l’éducation surveillée ont toujours minoré cette réalité, même si aujourd’hui encore, des quartiers de mineurs sont créés dans les prisons. Par ailleurs, faute de moyens pour construire du nouveau, une grande partie des établissements, dont le but était de trouver d’autres solutions d’accueil, ont été pendant de très nombreuses années, imprégnés par l’héritage et la culture pénitentiaires : les murs, le personnel, les registres d’écrou, etc. Enfin, quelles que soient les évolutions de la prise en charge des mineurs, le placement se résume souvent dans la tête du jeune à un arrachement, une perte de liberté. Ces images sont renforcées par le parcours presque obligé du mineur avant son arrivée dans l’institution : arrestation, nuit au dépôt, panier à salade, vidage des poches et abandon de tout objet personnel, cellules du pavillon d’accueil aux fenêtres grillagées…
