Les statistiques judiciaires ont souvent été interprétées dans le sens d’une augmentation considérable de la délinquance juvénile. Une grande partie des politiques et des services mis en place pendant la seconde guerre mondiale et dans l’après-guerre se sont nourris d’une série de chiffres fournie par le Parquet de la Seine. Pourtant, la désorganisation des services qui comptabilisent est inhérente à cette période. Aujourd’hui encore, la presse se fait l’écho d’un chiffre fluctuant de la délinquance, alors qu’une récente enquête de l’inspection générale des Affaires sanitaires et sociales signale qu’il y a encore bien des façons de comptabiliser les mineurs au sein d’un même tribunal. On ne calcule jamais une population mais le nombre de jugements rendus et les fiches de renseignement transmises au service statistique préservent l’anonymat du mineur. Les récidivistes ne sont donc jamais pris en compte, chaque mineur jugé devenant un nouveau délinquant, même s’il est un habitué des tribunaux. Les quelques études menées sur des échantillons localement exhaustifs démontrent qu’un jeune peut comparaître jusqu’à 15 fois devant un juge pour des affaires différentes avant sa majorité. Comme, en moyenne, le volume des jugements rendus avant 18 ans semble deux fois plus important que celui des mineurs jugés, on en arriverait ainsi à l’équation qu’un jeune délinquant comptabilisé en vaut deux et que donc le chiffre global des mineurs délinquants devrait être divisé de moitié.