Devant le foisonnement des initiatives et face à la myriade d’établissements et de services créés pour l’enfant en Justice, il semble impossible de s’y repérer, d’autant que les appellations et les statuts sont fluctuants et l’accueil de populations souvent polyvalent. Bien que le pragmatisme semble souvent l’emporter sur la norme, suivant l’impératif de la place à trouver, il existe cependant certains instruments et règles qui permettent d’établir un premier recensement. Les établissements publics - des premières colonies pénitentiaires aux Internats publics d’éducation surveillée (IPES) -, très minoritaires, sont faciles à identifier et il existe de nombreux travaux monographiques sur leur histoire. Le paysage des institutions privées, malgré leur fourmillement, est moins disséminé et chaotique qu’il ne paraît à première vue. Les établissements religieux suivent la plupart du temps la hiérarchie des congrégations, certaines d’entre elles centralisant un grand nombre de fondations. Par ailleurs, malgré la délégation de service public faite par l’État en la matière, ce dernier procède régulièrement à des inspections ou met en place des procédures administratives pour tenter de canaliser ses subventions. Dès l’entre-deux-guerres, des listes recensent les établissements considérés comme « habilités » à recevoir des mineurs délinquants. Ce label est accordé moyennant un certain nombre d’informations sur le fonctionnement de l’établissement ; ces données étant conservées par la suite par le quatrième bureau de la direction de l’Éducation surveillée. Si ces listes ne peuvent prétendre être exhaustives, elles offrent toutefois un bon panorama de ce secteur associatif, que seules des monographies, au cas par cas, permettront progressivement de compléter.
Texte : Véronique Blanchard, Mathias Gardet
Source illustration : photographies de la colonie de Mettray, du Bon Pasteur de Bourges, de l’IPES de Saint-Maurice et de l’IPES de Brécourt