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Logo de l'article Rééducation des filles

Congrégations religieuses

Notice

La prise en charge des filles perdues est entièrement déléguée aux congrégations religieuses du XIXe siècle au milieu des années 1970. En effet les jeunes filles vagabondes, désobéissantes, prostituées, sont placées dans des institutions monacales et carcérales, encadrées par des sœurs qui ont fait le vœu spécifique de : « vaquer et servir à la conversion, l’instruction, la réception et la conduite des filles et des femmes qui entreraient dans ce monastère pour changer leur mauvaise vie et y faire pénitence ». Une solution au départ audacieuse, puisqu’il s’agit paradoxalement de mélanger le vice et la vertu, mais qui sous l’impulsion de Mère Marie-Euphrasie Pelletier connait un succès national voire international. C’est en 1835 à partir du Monastère Notre Dame de la Charité d’Angers que cette maîtresse femme développe l’œuvre des Bon Pasteur, qui finit par devenir le terme générique pour désigner l’ensemble des maisons religieuses accueillant les filles de justice et fait figure au fil des années de monopole pour le redressement des mineures déviantes. L’État confie plus de 90% des jeunes filles jugées à ces institutions (essentiellement les Bon Pasteur et les Refuges), et ceci même aux moments des conflits les plus forts engendrés par le processus de séparation de l’Église et de l’État. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les Bon Pasteur sont à la tête de 350 monastères où travaillent plus de 10 000 religieuses auprès de 52 000 pénitentes, dans près de 40 nations. Pour ce qui est des Refuges, à cette même époque ce sont 47 monastères et 2000 sœurs. Monde clos, dont les portes sont à peine ouvertes aux historiens (archives quasiment inaccessibles), monde exclusivement féminin, où se forge une discipline centrée sur le corps que l’on considère souillé par la débauche et la concupiscence, corps qu’il faut donc oublier, effacer. Le péché de chair et la nécessité de la rédemption sont au cœur des méthodes de redressement des Bon Pasteur et le resteront jusqu’aux mouvements de libération des femmes, même si certaines religieuses tentent timidement dans l’après Seconde guerre de se former aux nouvelles méthodes éducatives. La mixité et la laïcité ne deviendront en matière de filles en justice une réalité qu’à l’aube des années 1980.

Texte : Véronique Blanchard

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