Dominique Riehl est née dans le Bas-Rhin. Directrice de plusieurs internats publics pour mineures, elle a marqué l’histoire de la rééducation des jeunes filles déviantes et délinquantes de l’après-guerre.
Institutrice puis directrice pédagogique dans une maison de rééducation pour jeunes garçons (établissement Oberlin dans le Bas-Rhin), elle entame des études de psychologie à l’Université de Strasbourg en 1942 où elle rencontre le professeur Lagache, spécialisé dans la psychologie des enfants et des adolescents.
En 1943, elle visite avec lui l’École de préservation de Cadillac. Elle est scandalisée par ce qu’elle y voit et reste marquée par ce voyage qui lui sauve par ailleurs la vie (en effet, à son retour à Clermont-Ferrand, tout son entourage a été raflé). Un an plus tard, Pierre Ceccaldi, le Directeur de l’Éducation surveillée et son contrôleur général, Paul Lutz, la sollicitent afin qu’elle prenne la responsabilité de la réforme des institutions pour filles
En dépit de ses réticences pour cette ancienne maison pénitentiaire, elle accepte d’expérimenter ses nouvelles méthodes de rééducation à Cadillac, inspirées de son expérience de cheftaine scoute et de trois principes éducatifs innovants : une observation psychologique en début du placement, une offre de formation professionnelle et un cadre de vie « proche de la vie réelle ». Mais rapidement le passé pénitentiaire de l’établissement et le profil des jeunes filles enfermées sont autant d’éléments qui ne permettent pas d’appliquer ses réformes et elle demande à inaugurer une nouvelle propriété pour faire « du neuf sur du neuf ». C’est chose faite en avril 1947 quand elle prend la direction de directrice l’IPES de Brécourt en avril 1947. Elle a alors les moyens de déployer sa vision d’une rééducation féminine moderne.
Brécourt est selon ses mots une « école professionnelle » où les jeunes filles de 14 à 21 ans préparent leur avenir dans une « pédagogie de la réussite » : travail scolaire et professionnel, sports, activités dirigées, scoutisme, vie quotidienne dans un cadre familial (huit « élèves » et une éducatrice. Institution considérée comme modèle à l’époque, les travaux historiques ont permis de montrer le décalage entre les principes affichés et la réalité des placements. Dominique Riehl ne se démarque pas des représentations partagées par ses contemporains : la jeune fille délinquante est débauchée, paresseuse, vicieuse, amorale. Elle sera pendant près de trente ans une directrice autoritaire, obnubilée par la sexualité des adolescentes et maintiendra les punitions et le mitard.
À partir de 1965, Dominique Riehl devient inspectrice pour l’Éducation surveillée tout en continuant son activité de directrice. Elle sera dans ce cadre l’autrice de plusieurs rapports concernant des congrégations religieuses (Cholet, Caen, Le Mans, Metz).
Dominique Riehl prend sa retraite en 1975 et elle retourne vivre à Wangen (Alsace) où elle décède vingt ans plus tard.
Texte : Véronique Blanchard et Régis Revenin