

Notice
Doullens, institution publique d’éducation corrective pour mineures délinquantes relevant de l’article 66 du Code pénal, fut ouverte en 1895 par la Direction de l’Administration pénitentiaire sous l’appellation « Ecole de préservation », titre utilisée pour les maisons pénitentiaires pour filles. Deux autres établissements de ce type ouvriront en 1905 à Cadillac et en 1908 à Clermont-de-l’Oise.
Dans les années 1920, l’école de préservation installée dans l’ancienne citadelle de Doullens reçoit environ 180 mineures. Son règlement évoque que les mineures sont affectées « suivant leur état de santé, leurs goûts ou leur capacité » dans des ateliers industriels (couture, lingerie...) ou à la section agricole (soins du cheptel, de la basse-cour, ou culture du domaine qui comporte 8 hectares). L’éducation a une place de premier plan dans le dispositif : ainsi les pupilles ont deux heures de classe par jour en vue de leur redressement moral par une éducation appropriée et un enseignement professionnel. Etant donné les résultats aux examens de certificats d’études qui sont très médiocres on peut s’interroger sur la qualité réelle de l’enseignement. Par ailleurs elles doivent participer à des causeries morales et accèdent à des séances récréatives (chant, gymnastique). On leur enseigne le métier de blanchisseuse, couturière, jardinière, et fille de ferme. « L’instruction professionnelle des élèves est dirigée non seulement en vue de l’amélioration de la main d’oeuvre et de la production des ateliers, mais aussi et surtout avec la constante préoccupation de mettre les intéressées à même de gagner honnêtement leur vie après la libération » (Note officielle de 1901).
L’Institution dispose de 126 cellules individuelles et d’un quartier disciplinaire de 40 cellules de nuit et de 14 cachots de punition pour les indisciplinées. Les punitions s’échelonnent jusqu’à la cellule avec ou sans camisole. Sont annexées à l’Ecole de préservation un dispensaire prophylactique pour les « vénériennes » et une maternité avec une pouponnière. Les jeunes filles peuvent bénéficier du placement familial ou de la libération provisoire en fonction de leur conduite. Car tout un dispositif de gratification est mis en place afin de récompenser les plus « méritantes ». Ainsi des rubans de couleur sont distribués pour d’un coup d’oeil distinguer le niveau d’obéissance et de soumission de la mineure. Et pour les plus irréprochables des présents ou des gratifications en espèce sont distribués et pourront être disponibles à leur majorité.
Un Comité de patronage vient en aide aux libérées.
En juin 1940, l’Ecole de préservation est bombardée, les filles seront évacuées à la prison de Rennes, certaines y étant encore en 1945. Le terme « école de préservation » disparaît.
Texte : Jacques Bourquin
Documents
Liens externes
Archives départementales de la Somme
Les Archives départementales de la Somme conservent un ensemble d’archives concernant l’Ecole de préservation de Doullens entre 1894 et 1939.
Bibliothèque numérique de l’ENAP
Le portail de la Bibliothèque numérique de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) propose des plans et des photographies en ligne de la Maison d’éducation surveillée de Doullens.
Entretien autour d’images des écoles de préservation (revue Jefklak, 2017)
« « Presque une image d’évasion collective… ». Images des écoles de préservation de jeunes filles. Entretien avec Sandra Álvarez de Toledo et Sophie Mendelsohn, par Romain André et Alexane Brochard », Jef Klak (revue en ligne), 24 janvier 2017.
Parcours virtuel de l’ENAP sur les écoles de préservation
Ce parcours virtuel monté par Jean-Michel Armand présente quelques photographies prises par le studio parisien Henri Manuel et conservées dans le fonds Michel Basdevant.
Reportage sur la prison de Doullens (2016) [VIDEO]
L’émission Midi en France présentée par Laurent Boyer revient sur l’histoire de la citadelle de Doullens, avec une évocation de la période de la prison pour femmes (qui fonctionne en réalité de 1855 à 1891 puis de 1944 à 1957, avant et après l’école de préservation).
Site oficiel de la citadelle de Doullens
Affectée comme maison centrale de détention pour femmes à la Libération jusqu’en 1959, occupée pour la dernière fois, par réquisition, par les familles de harkis en 1962, la citadelle de Doullens est aujourd’hui un domaine de 33 hectares propriété du Conseil départemental et ouvert aux visiteurs.