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Ecole supérieure de travail social (ETSUP, 1917-...)

Notice

L’Ecole de surintendantes d’usines est fondée en 1917, en même temps qu’est inventé en France le service social du travail. Les hommes partis au front, l’industrie de guerre fait largement appel au travail des femmes dont les conditions très difficiles suscitent des grèves et inquiètent les autorités. La santé reproductrice des femmes, tout autant que la production d’armes, sont en péril. La découverte en Angleterre des « Ladies superintendents », chargées de superviser la vie des ouvrières dans les usines depuis 1913, agit comme une révélation auprès du Conseil national des femmes françaises (CNFF). Cinq de ces femmes (Marie Diemer, Renée de Montmort, Marie Routier, Cécile Brunschvicg et Henriette Viollet), toutes engagées dans des œuvres sociales, fondent une école professionnelle, laïque, gérée ellemême par une association professionnelle, toutes deux ouvertes aux nouvelles surintendantes d’usines. Les missions de ces dernières sont très larges, depuis l’embauche, l’affectation des postes, l’instruction des plaintes, jusqu’au bienêtre et à l’hygiène des ouvrières.

Cette formation d’élite est obligatoirement précédée par un stage d’ouvrière éliminatoire de 15 jours en usine. Elle dure d’abord trois mois, puis six en 1920, et comprend des enseignements théoriques, des conférences, des cours pratiques par des surintendantes. En 1923, l’association est reconnue d’utilité publique et prend le nom d’Association des surintendantes d’usines et des services sociaux, pour marquer l’extension aprèsguerre de son secteur aux industries civiles. Puis, en 1926, la fusion avec l’Ecole d’assistantes sociales « Pro Gallia » permet la réorganisation et l’allongement des études à deux années, une d’études générales et une de spécialisation, après obtention du diplôme d’infirmière. La durée de la formation est encore étendue avec l’institution du diplôme d’Etat en 1932 (deux ans pour être assistante sociale, puis trois en 1938, deux ans supplémentaires pour être
surintendante). Dans le même temps, le diplôme de surintendante reçoit le visa de l’Education nationale en 1938.

Au début de la Seconde guerre mondiale, l’école doit mener la formation intensive d’auxiliaires sociales et d’auxiliaires sociales du travail à la demande de l’Etat. En 1942, plusieurs membres du personnel actifs dans le réseau de Résistance « Combat » d’Henri Frenay, dont la directrice Jane Sivadon, sont arrêtés par la Gestapo et envoyés en déportation. La même année, l’école située rue Dareau depuis 1927, puis installée rue Princesse en 1935, est déménagée au 5 rue Las Cases, siège du Musée social. En 1942 encore, le Ministère du Travail institue un diplôme concurrent, le brevet de conseillère du travail, qui sera suivi en 1946 par le diplôme de conseiller chef du travail. Il faudra attendre 1965 pour que l’équivalence du diplôme de surintendante soir reconnue.

Entretemps, l’école est devenue mixte en 1947 et a assuré la spécialisation d’assistante sociale coloniale entre 1945 et 1961. En 1949, au terme d’un accord passé avec l’Education nationale, elle devient l’Ecole technique des surintendantes d’usines et de services sociaux. Elle s’ouvre à des méthodes de pédagogie active en 1952, puis organise en 1959 sa première session d’initiation au « case work ». La formation « group work » est lancée à partir de 1962, tandis que l’« approche globale » est mise en place en 1971. A partir des années 1970, l’école passe convention avec l’Université pour permettre à ses élèves d’accéder à un cursus universitaire, à Paris VII d’abord, à Paris X Nanterre ensuite. L’offre de formation se diversifie aussi largement jusqu’à aujourd’hui (DSTS, en 1979, CAFDES en 1986, puis éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes enfants…). En 1985, l’école installée depuis 1961 au 175 boulevard SaintGermain est déménagée au 8 villa du Parc Montsouris. Elle est rebaptisée Ecole supérieure de travail social (ETSUP) en 1990.

Texte : Sylvain Cid

Source illustration : Affiche pour le bal des surintendantes, 1967

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