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GUILLEMONT François-Lucien dit Benjamin le sourd-muet (1817-1897)

Notice

Benjamin alias François-Lucien Guillemont, sourd-muet issu des classes populaires est l’auteur, en 1855, d’une courte autobiographie de seize pages qu’il réédite augmentée d’une préface et d’un épilogue relatant brièvement la suite de son existence. Ce court texte nous informe sur l’errance juvénile, sur la prison, sur l’Hôpital général, sur les institutions pour sourds-Muets, sur la souffrance sociale, vues par l’un de ceux qu’on appelle désormais les premiers concernés.
François-Lucien Guillemont dit Benjamin est né en 1817 à Caisnes, petit village de l’Oise, près de Noyon. Son père, meunier de son état, abandonne le foyer familial alors que Benjamin était encore « bien jeune ». Vers 6 ans, à la suite d’un accident, il devient sourd et presque totalement muet. Cette famille que l’on qualifierait aujourd’hui de monoparentale, où le handicap a fait son entrée, s’enfonce dans la misère et perd sa maison. L’enfant et la mère basculent dans le vagabondage et la mendicité. La mère meurt bientôt d’épuisement, en août 1826, pratiquement sous les yeux de son fils qui est donc âgé de 9 ans. Son père le recueille, mais il est maltraité par sa belle mère. Il fuit donc le domicile de son père et recommence alors une vie d’errance entrecoupée de petites périodes de stabilité. Il gagne la ville de Compiègne. Il est arrêté et jeté en prison - où il dit avoir été bien traité - sans qu’il ne mentionne un quelconque passage devant un juge. Son incarcération dure plusieurs mois. C’est son père « qui avait découvert ]sa[ retraite » qui le réclame et le fait sortir. Il est alors placé chez un tisserand. Ce dernier ne le maltraite pas mais « toujours seul, objet de mépris et de risée pour mes camarades qui me jetaient des pierres, sans appui, sans espoir dans l’avenir, je sentis bientôt que là n’était pas encore le terme de mes voyages. » Commence alors une nouvelle période d’errance qui le conduit à Cambrai où, l’hiver venu, transi de froid, il fait tout pour ce faire arrêter. Il y parvient, mais cette fois il n’est pas conduit en prison mais « aux enfants trouvés ». Il commence un apprentissage de forgeron, apprend à lire et à écrire. Dans son témoignage il est très élogieux pour les sœurs de la Charité. Lors d’une remise de prix qui a lieu à l’hospice des enfants trouvés en septembre 1830, il est remarqué par l’un des administrateurs, Eugène Bouly (1782-1832), qui deviendra peu de temps après officiellement son tuteur (le père de Benjamin est mort en juillet 1831). Il commence à l’instruire avant de le faire admettre, à l’automne de 1831, à l’Institution royale des sourds-muets de Paris où il suit notamment les enseignements de Claudius Forestier. A la fin de sa formation, il est recruté comme professeur à l’école des sourds-muets de Lille dirigée par Jean Massieu. Par la suite, il rejoint son maître, Claudius Forestier, qui préside désormais à la destinée de l’école des sourds-muets de Lyon.
Il occupe toujours un poste de professeur dans cette institution quand il publie à l’âge de 38 ans son autobiographie qu’il dit avoir écrit à 19 ans.
Il fait sa vie à Lyon où il se marie tardivement avec Marie Joséphine Genin en 1889 et y décède en février 1897.

Texte : Jean-Jacques Yvorel

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