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Entre les années trente et les années soixante, un très grand nombre de films décline la problématique de la délinquance juvénile. Œuvres de fiction, souvent aux confins du cinéma social ou du cinéma-réalité, ces longs-métrages entendent, chacun à leur manière, être le reflet d’une certaine actualité de leur époque. Ils témoignent d’un changement de regard que porte la société française sur sa jeunesse : on passe ainsi d’un cri d’alarme sur une enfance en danger, qu’il faut sauver à n’importe quel prix (à la veille, durant et aux lendemains de la seconde guerre mondiale), à un réflexe de peur face aux débordements d’une jeunesse, qu’on a l’impression de ne plus pouvoir contrôler (à partir des années cinquante). Outre l’engagement de leurs réalisateurs, la sortie de chacun de ces films déclenche généralement des réactions contrastées dans la presse grand public et en particulier dans les revues spécialisées du travail social : entre rejet, dénonciation, récupération, la fiction a encore une fois maille à partir avec la réalité du terrain. De plus, l’attirance remarquée des adolescents pour le cinéma n’est pas sans préoccuper les spécialistes de la jeunesse : des commissions se posent alors en censeurs des films à voir ou à éviter. Par un syllogisme digne de Ionesco, les jeunes délinquants internés dans les centres d’observation sont ainsi questionnés sur leur attraction pour ce nouveau loisir et devant leur engouement unanime pour le grand écran, des experts commencent à pointer l’influence indéniable du cinéma sur le comportement délictuel des jeunes, notamment lors de congrès internationaux de filmologie