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LA MORLAIS (de) Anne-Marie (1894-1967)

Notice

Née à Dreux, Anne-Marie de Coynart est la fille du journaliste et écrivain Charles de Coynart (1863-1941). Durant la Première guerre mondiale, elle s’engage comme infirmière, puis infirmière major à la Croix Rouge et est affectée à l’hôpital du Panthéon à Paris. Elle est décorée en 1917 de la médaille des épidémies. En 1919, elle épouse le colonel Armand des Prez de la Morlais, futur général de brigade aérienne dont elle aura huit enfants mais dont elle se séparera.

A la Croix-Rouge, elle devient la « dame commissaire de propagande pour le département des Côtes-du-Nord ». Infirmière puis assistante sociale rattachée au tribunal de Saint-Brieuc, elle crée en 1937-1938 le service social de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence des Côtes-du-Nord puis, en 1939, celui d’Ille-et-Vilaine. En contact étroit avec les expériences parisiennes, elle rattache dès 1939 ses services au Comité français de service social, 6 rue de Berri (Paris 8e).

En 1941, l’inspecteur général de l’enfance, Albert Rauzy, lui propose d’être directrice technique régionale pour un projet de réorganisation des services sociaux de la région. Bien que ce dernier échoue, un service social est structuré dans les départements bretons qui en étaient dépourvus. En août 1940, elle ouvre le centre de Ker Goat pour accueillir des enfants normalement justiciables de la prison. D’abord habilité par le secrétariat général à la Jeunesse, il est encadré par une équipe de jeunes scouts dirigés par Hubert Noël. En 1941, des dysfonctionnements dans la gestion du centre, où elle est jugée omniprésente et insuffisamment sélective dans l’accueil des garçons, provoquent sa démission négociée.

Nommée à la Cour d’appel de Caen pour y organiser le service social auprès du tribunal, elle obtient une audience particulière du maréchal Pétain à Vichy et se trouve chargée d’ouvrir une école de chefs-éducateurs. Le projet n’aboutit pas, mais elle donne une série de cours de juillet à novembre 1942, publiés sous forme de brochure aux éditions de la revue Sauvons l’enfance dans lesquels elle en appelle à la création de structures d’internat encadrés par des jeunes issus du scoutisme. En janvier 1942, elle fonde le Service social de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence à Caen et tente de créer sans succès le pendant de Ker-Goat pour la Normandie. Le centre fermera en effet en 1943, dénoncé par la presse pour ses méthodes brutales.

Conseillère de la JEC et proche de la JOC, elle s’engage alors comme assistante sociale auprès des prisonniers de guerre et tente d’aider l’aumônerie clandestine constituée auprès des jeunes réquisitionnés du Service du travail obligatoire en Allemagne. Arrivée à Berlin au printemps 1942, elle est dénoncée, arrêtée en septembre pour espionnage avant d’être déportée à Ravensbrück. Libérée en avril 1945, elle est nommée assistante sociale des armées alliées à Berlin à partir de 1946-1948. De retour en France, malade, elle se retire dans sa maison de Saint-Pair-sur-Mer.

Texte : Sylvain Cid

D’après Mathias Gardet, A. Vilbrod, L’éducation spécialisée en Bretagne 1944-1984, Rennes, PUR, 2007

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