La colonie pénitentiaire agricole du Luc ouvre en 1856 dans les Cévennes en application de la loi du 5 août 1850 sur l’éducation et le patronage des jeunes détenus. Colonie privée, elle est fondée sur ses propres terres par Pierre Hippolyte Edouard Marquès du Luc (né en 1803), conseiller à la Cour d’appel de Nîmes et conseiller général du Gard. Celui-ci avait participé à une commission d’enquête relative à la cohabitation des jeunes et des adultes détenus, il avait pris position contre « cette funeste habitude de mêler l’enfant vagabond aux autres criminels ». Il reconnaissait la colonie de Mettray dont il voulait s’inspirer.
Le projet fondateur de la colonie du Luc fut symbolisé par cette formule latine : « Mandatur culpa labore » (nettoyer la faute par le travail). Le travail aux champs, les activités de dépierrement sont les bases du projet avec le souci de faire fructifier des terres incultes et de créer avec les jeunes colons une ferme modèle.
Dix ans après l’ouverture, une inspection souligne l’état matériel et moral désastreux de la colonie et des 250 colons. M. Marquès du Luc fait appel en 1869 à Charles Lucas, inspecteur général des prisons et fondateur de la colonie du Val d’Yèvre dans le Cher pour l’aider à y introduire les réformes nécessaires. Charles Lucas passe plusieurs semaines au Luc. Il semblerait que la période 1870-1895 soit relativement « prospère ». On crée des ateliers de formation et de production dont un atelier de cordonnerie qui fabriquera des espadrilles, l’enseignement scolaire est développé, mais il semblerait qu’à la fin du XIXe siècle, seuls 40% des colons en profite. Les personnels de surveillance sont le plus souvent des agriculteurs locaux qui prennent occasionnellement un emploi à la colonie en plus de leurs travaux. La discipline est sévère, les tentatives d’évasion et les sanctions sont nombreuses. En 1904, la colonie devient une école professionnelle agricole et industrielle de l’Assistance publique en référence à la loi du 28 juin 1904 relative à l’éducation des pupilles difficiles de l’Assistance publique. Elle accueille, dans un premier temps très court, des jeunes filles, puis de nouveaux des jeunes garçons. Elle ferme en 1929.
Le Comité de protection de l’enfance inadaptée du Gard (fondé en 1936) crée en 1948 le Centre d’accueil du Luc qui reçoit des garçons délinquants et en danger moral de 13 à 18 ans (aujourd’hui ITEP Le Grézan à Nîmes).
Texte : Jacques Bourquin
Association de randonnée Les traînes-savates du mercredi : Abîme Saint-Ferréol et pénitencier du Luc (21 mars 2012)
Emission « Les oubliés du Causse » (12 juin 2014)
Un documentaire radiophonique d’Annelyse Vieilledent & Anil Bhoslé. Réalisation : Gilles Davidas. Bruitage et création sonore : Patrick Martinache, mixage : Alain Joubert.