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LUCAS Charles (1803-1889)

Notice

Charles Lucas est né à Saint-Brieuc, dans une famille de notables, le 9 mai 1803. Après des études au collège royal de Bourbon et à la faculté de droit de Paris, il devient avocat en 1825. Il compte parmi les avocats libéraux de la Restauration. Il se fait remarquer dès 1826 par ses écrits contre la peine de mort notamment Du système pénal et du système répressif en général et de la peine de mort en particulier, rédigés pour répondre à la double demande d’un philanthrope de Genève (le comte de Sellon) et de la Société de morale chrétienne de Paris. Cet essai de 426 pages est publié en 1827. Charles Lucas restera toute sa vie un abolitionniste convaincu. Au lendemain des Trois Glorieuses, il est nommé inspecteur général des prisons par Guizot, alors ministre de l’intérieur. Il occupera cette fonction jusqu’en 1865. En 1836, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques contre Tocqueville.

Lucas est de tous les débats pénitentiaires du XIXe siècle et rédige de très nombreuses brochures et plusieurs livres notamment les trois volumes De la réforme des prisons ou de la théorie pénitentiaire (1836-1838). Il est souvent présenté comme le père de la « science pénitentiaire ». Adversaire du modèle cellulaire de Philadelphie, il s’oppose à Tocqueville et à Moreau-Christophe.

Ce spécialiste de la prison ne pouvait laisser de côté les mineurs délinquants. Il défend l’idée d’établissements spécifiques réservés aux enfants. Il imagine d’abord une prison pour mineur à la fois auburnienne (vie en commun le jour et encellulement individuel la nuit) et doté d’un système progressif. Il expose ses vues en 1833 dans une Lettre à M. le Baron de Gérando. Projet d’établissement par souscriptions d’une maison pénitentiaire pour les jeunes détenus. Il défend aussi dans ce texte le principe du patronage des jeunes libérés afin d’aider à leur réinsertion. Il est d’ailleurs, avec Bérenger de la Drôme, l’un des fondateurs du Patronage des enfants libérés de la Seine. L’application de l’isolement cellulaire à la Petite Roquette, seule prison spécifiquement réservée aux enfants, qu’il dénonce vigoureusement, l’amène à se rallier au système de la colonie agricole pénitentiaire. Il va jusqu’à en créer une en 1847, la colonie du Val D’Yèvre près de Bourges dans le Cher. Il dirige lui-même la colonie jusqu’en 1865.

En 1865, devenu aveugle, il cesse ses activités professionnelles mais suit toujours les débats sur la prison et sur la peine de mort. A la fin de sa vie, il prend ses distances avec la nouvelle criminologie. Il meurt à Paris en 1889.

Texte : Jean-Jacques Yvorel

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