La colonie agricole et pénitentiaire d’Ostwald (Bas-Rhin) est ouverte en 1839 par le conseil municipal de Strasbourg et son maire Georges-Frédéric Schutzenberger, proche des disciples de Charles Fourier. Elle succède à une maison de refuge qui recevait des oisifs. Elle va dès lors recevoir des jeunes délinquants. François Cantagrel (1810-1887), journaliste et philosophe fouriériste, écrit en 1842 un long article dans La Phalange où il compare Mettray et Ostwald. Il souligne combien la colonie alsacienne privilégie l’organisation du travail et sur un plan politique la nécessité de reconnaître le droit au travail.
Quelques années plus tard, le médecin aliéniste Guillaume Ferrus (1784-1861) dans son ouvrage de 1850 Des prisonniers, de l’emprisonnement et des prisons évoque la colonie d’Ostwald dont il souhaite que « l’on puisse organiser le travail des colons de telle sorte qu’on arriverait à fonder sur ses produits l’existence de la colonie ». Selon le Dr Ferrus, la colonie d’Ostwald est parvenue à offrir une balance entre recettes et dépenses contrairement, ajoute-t-il, aux colonies de Belgique et à Mettray. « L’instruction agricole est forte, assure-t-il, elle forme de bons valets de labour, elle offre le spectacle d’excellentes prairies... Cette situation a été obtenue sans moyens cœrcitifs. » Le rapport du Dr Ferrus s’inscrit dans le cadre des débats sur l’éducation et le patronage des jeunes détenus qui aboutira à la loi du 5 août 1850.
Un autre document plus tardif publié en juin 1871 par Les nouvelles annales de la construction (Paris) nous apporte de nombreux éléments sur la colonie d’Ostwald. Elle a alors une capacité d’accueil de 250 places, on y reçoit des enfants acquittés en référence à l’article 66 du Code pénal. Les enfants sont classés en trois pelotons en fonction de leur âge : les moins de 12 ans, les 12-15 ans, les 15-20 ans. La priorité est apportée à l’instruction primaire et à l’enseignement agricole. En matière de punition est évoquée la cellule claire ou sombre avec ou sans la mise au pain sec et à l’eau. La colonie est dirigée par un adjoint du maire de Strasbourg. La majorité des colons suivent à leur sortie une carrière d’ouvrier agricole, de garçon de ferme mais aussi d’ouvriers professionnels.
Après l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine à l’Empire allemand le 10 mai 1871, la colonie est transférée à Haguenau en 1875, où elle se maintient jusqu’en 1925.
Texte : Jacques Bourquin
Archives de Prudent Guimas aux Archives départementales d’Indre-et-Loire
Les Archives départementales d’Indre-et-Loire conservent un dossier sur la gestion de la colonie agricole d’Ostwald par Prudent Guimas, ancien employé de Mettray devenu directeur d’Ostwald, dans le fonds René Jupin (AD37, 41J32).
Images et documents sur Numistral
Le site Numistral, bibliothèque numérique patrimoniale du site universitaire alsacien, propose un manuscrit, des plans et des gravures sur la colonie d’Ostwald.
Le site actuel de la ferme de la colonie d’Ostwald
Dans un cahier de synthèse daté de septembre 2022, l’Agence d’urbanisme de Strasbourg Rhin supérieur (ADEUS) reconnaît une valeur patrimoniale au site actuel de la ferme de la colonie d’Ostwald qui comprend : « corps de bâtiment formant une enceinte, maison de la direction/surveillance au centre de la cour, tour de surveillance à l’angle (à confirmer). »
Site de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier
Le site de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier propose en particulier une notice biographique sur François Cantagrel (1810-1887), journaliste et philosophe fouriériste favorable à la colonie d’Ostwald.