Le centre d’exposition dispose actuellement de trois espaces :
1) Un parcours chrono-pédagogique qui retrace l’histoire et l’évolution de la Justice des mineurs du Code pénal de 1810 jusqu’aux années 1980, lui-même décomposé en deux trajectoires muséographiques :
A) Un premier décor autour de la reconstitution d’une salle d’audience permet d’étudier à partir de cas réels, le fonctionnement de cette Justice qui se veut spécifique à l’égard des mineurs, en déclinant différentes situations et jugements prononcés. Il permet aussi d’étudier les trois piliers du placement judiciaire du début du XIXe siècle aux années 1930 :
la prison avec la volonté de séparer les mineurs des adultes en établissant des quartiers ou des établissements pénitentiaires spécifiques, le plus célèbre étant la création de la Prison de la Petite Roquette (1836-1930)
L’organisation d’un réseau de confiages individuels chez des particuliers, généralement des paysans ou des artisans. Ce type de placement étant généralement géré par des sociétés dites « de patronage », la plus célèbre étant celle fondée par le juge Henri Rollet rue de Vaugirard à Paris.
La fondation d’institutions para-pénitentiaires pour accueillir collectivement des jeunes, dénommées colonies agricoles pénitentiaires pour les garçons et écoles de préservation pour les filles. Ces établissements peuvent aussi se décliner sous d’autres noms quand ils sont gérés par des philanthropes privés, le plus célèbre étant celle de Mettray ouvert près de Tours par le magistrat Frédéric-Auguste Demetz ou bien, dans le cas des filles, des couvents gérés par des congrégations religieuses cloitrées, dont la plus connue est celle dite des « Bon Pasteur ».
La visite de cet espace se conclue autour de la grande campagne de presse contre les bagnes d’enfants des années 1920-30, une période de forte remise en question des modèles de prise en charge.
B) Un second décor autour de la reconstitution d’un cabinet de juge des enfants interroge, là aussi à partir de cas réels, les changements induits par la mise la place de l’ordonnance du 2 février 1945, puis par l’ordonnance du 23 décembre 1958. Il permet aussi de questionner les transformations du paysage institutionnel et de la perception de la société à l’égard de ses membres les plus jeunes ainsi que ses déclinaisons jusqu’aux années 1980 :
Plusieurs panneaux évoquent la fondation et le quotidien des nouveaux internats ou centres rééducatifs créés au lendemain de la Seconde guerre qui cherchent à se démarquer de l’image des « bagnes d’enfants »
Une séquence présente les différentes figures de la dangerosité juvénile mises en exergue par les médias, en partant de celle des « Blousons noirs » des années 1959-1962, pour remonter par comparaison à celle des « Apaches » du tout début du XXe siècle ou celle plus récente de la « Racaille » des années 1990-2000.
Un espace dédié aux années 1970 : une période de forte contestation avec des répercussions au sein même des travailleurs sociaux et de la Justice des mineurs et qui introduisent la réalisation effective d’une prise en charge nouvelle dite de « milieu ouvert ». Cet espace cherche de plus à pointer les paradoxes propres à ces années qui sont aussi celles de la création de la plus grande prison d’Europe avec la construction de Fleury-Mérogis et son centre de jeunes détenus, ainsi que d’un centre d’observation fermé à Juvisy-sur-Orge. C’est encore la période de deux affaires retentissantes autour de la dernière condamnation à mort d’un mineur, Bruno T. et d’une des dernières condamnations pour avortement de la jeune Marie-Claire Chevalier défendue par l’avocate Gisèle Halimi.
2) Le pavillon d’accueil qui est la partie du centre qui conserve la trace la plus vivante de l’expérience du centre d’observation : un couloir, 14 chambrettes (aux airs de cellules), un système de fermeture de portes centralisé. C’est dans ce cadre à l’architecture marquée, dans ces murs fortement habités par leurs derniers pensionnaires qu’il a été décidé de créer un parcours à hauteur d’adolescents et d’adolescentes. La grande originalité de la scénographie étant de nous faire évoluer à l’endroit même où les adolescents vivaient ; ils sont là tout proches, à travers leurs effets personnels (confisqués à leur arrivée et retrouvés, pour certains, trente ans après dans le grenier), leurs graffitis, leurs écrits et témoignages… Tous ces documents sont les pièces maîtresses de l’exposition, ils permettent de retracer de manière sensible la douloureuse et complexe histoire des institutions pour mineurs de justice. En effet grâce à la richesse des dossiers d’observation des centres pour garçons de Savigny-sur-Orge et du centre pour filles de Chevilly-Larue, il est possible en écho aux expertises des adultes qui les prennent en charge d’entendre les voix des jeunes qui racontent dans leurs entretiens d’arrivée ou à travers leurs rédactions, leurs dessins et leurs correspondances interceptées non seulement leurs ressentis face à l’institution judiciaire mais aussi leur vie en amont de leur arrestation : leur vie de familles, leur sociabilité, leur scolarité, leur premiers petits boulots, leurs loisirs, leur sexualité...
3) Un espace installé dans les anciens mitards du centre d’observation dédié aux expositions temporaires
La visite de ces trois espaces s’effectue toujours en groupe et par l’intermédiaire de médiateurs et médiatrices qui cherchent à créer, par le biais des matériaux inédits mais aussi des supports pédagogiques et ludiques, une interaction dynamique avec les visiteurs qui eux sont souvent porteurs de l’histoire et des questionnements du temps présent. Des ateliers ou des visites thématiques peuvent être organisés autour de problématiques spécifiques ou des nouveaux apports de la recherche scientifique : La question du genre et de la sexualité, la détention des mineurs, la figure des jeunes migrants, les écrits professionnels...