

Notice
Le 19 avril 1941, le régime de Vichy, en créant les préfectures régionales, veut initier une politique de régionalisation avec des frontières bien délimitées et reposant sur d’autres réalités que des facteurs de type économique ou historique, jusqu’alors assez flous.
Il est intéressant de relever que les Associations régionales de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence (ARSEA), créées pour la plupart entre 1943-1944 par le secrétariat d’État à la Famille et à la Santé, contre toute attente, ne recoupent pas les frontières des préfectures, mais reprennent celles des cours d’appel. Or, la carte judiciaire n’est qu’une des divisions administratives parmi tant d’autres (celles de l’Armée, de l’Éducation nationale, de l’Eglise, de l’Inspection du travail, de l’Administration pénitentiaire pour ne citer que les administrations en lien direct avec l’histoire de la justice des mineurs…) et les différents découpages (académies, cours d’Appel, diocèses…) ne concordent pas entre eux. Malgré l’instauration des préfectures régionales, la France instaurée par le régime de Vichy se retrouvait donc elle aussi maintes fois « redécoupée » (pour reprendre la très belle expression utilisée par Jean-Marc Benoît, Philippe Benoît et Daniel Pucci dans leur ouvrage). La coordination prônée à travers les ARSEA s’est effectuée dans un secteur où pas un des partenaires, pas même les ministères de tutelle, ne suit la même géographie d’intervention. Les ARSEA semblent donc faire partie de ces « nombreux services régionaux de circonstance » dont se plaignent les nouveaux préfets ; elles soulignent l’échec de la politique de régionalisation menée par Vichy. Le paradoxe, c’est que malgré cet échec et la suppression du découpage vichyssois à la Libération, le niveau régional ne disparaît pas. Les dix-huit commissaires régionaux institués par l’ordonnance du 10 janvier 1944, puis les IGAME (Inspecteurs généraux de l’Administration en mission extraordinaire) introduits par la loi du 24 mai 1948 font perdurer cette échelle d’intervention supra-départementale sans pour autant arriver à une harmonisation des services. L’opération est en effet menée tambour battant : huit ARSEA sont créés entre janvier et décembre (Toulouse, Lyon, Clermont-Ferrand, Montpellier, Marseille, Paris, Grenoble, Lille) et trois supplémentaires dans les premiers mois de 1944 (Rennes, Orléans, Nancy). À la Libération, les ARSEA sont validées par les nouveaux textes, elles passent de onze en 1944, à seize en 1946 et dix-sept en 1947.
Texte : Mathias Gardet
Source : Planche des divisions administratives (1956)
Documents
Premier article de présentation des ARSEA (L. Le Guillant, 1946)
L’ARSEA du Languedoc-Roussillon (H. Joubrel, 1947)
L’ARSEA d’Alsace (R. Cayet, 1947)
Présentation de l’ARSEA Bretonne (J. Guyomarc’h, 1954)
La mise en place des ARSEA (P. Meignant, 1960)
Présentation du fonctionnement régional des CREAI (1967)
Les CREAI en 1975 (M. Mader 1975)
Liens externes
Association nationale des centres régionaux pour l’enfance et l’adolescence inadaptées (ANCREAI)
L’ANCREAI regroupe depuis 1988 les CREAI (Centres régionaux pour l’enfance et l’adolescence inadaptées), créés en 1964 par un arrêté du ministère de la Santé.
L’organisation territoriale de la Protection judiciaire de la jeunesse
L’organisation territoriale de la Protection judiciaire de la Jeunesse est bâtie sur trois niveaux de responsabilités : les directions inter-régionales, les directions territoriales, les services et établissements chargés de mettre en œuvre les mesures confiées par les magistrats.
Les délégations régionales de la CNAPE
Héritière de l’Union nationale des ARSEA (UNAR) puis de l’Association française de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence (AFSEA), la CNAPE (Convention nationale des associations de protection de l’enfant) est aujourd’hui une fédération d’associations oeuvrant dans tous les domaines touchant aux difficultés des enfants, des adolescents et des adultes.