Né en 1860, Henri Rollet devient avocat en 1882 et amené à défendre quelques mineurs, il est choqué par les décisions du tribunal correctionnel à leur encontre. Il se rapproche d’acteurs comme Georges Bonjean, Jules Simon et Pauline Kergomard qui œuvrent en faveur de l’enfance et devient, dès 1888, le secrétaire du "Sauvetage de l’enfance" nouvellement créé.
Avec Théophile Roussel, il contribue à l’élaboration de la loi du 27 juillet 1889 sur la déchéance paternelle, puis avec Paul Flandin, il participe à la préparation des lois de 1898 sur la protection de l’enfance et du 27 juillet 1912 sur le tribunal pour enfants et adolescents.
En 1890, il fonde le Patronage de l’enfance et l’Adolescence à Paris (connu plus tard sous le nom de Patronage Rollet) où sont recueillis des enfants vagabonds avant qu’ils ne soient placés à la campagne chez des paysans. En 1891, il lance la revue mensuelle L’Enfant, organe de la protection de l’enfance.
En 1914, il fonde la Tutélaire à Issy-les-Moulineaux pour accueillir des garçons de moins de 13 ans et des filles de 13 à 18 ans. La même année il devient juge au Tribunal pour Enfants et Adolescents puis Président de la Chambre spéciale des mineurs où il accorde beaucoup d’importance à la Liberté Surveillée, inspirée de la probation nord-américaine.
En 1917, jugé trop indulgent et pas assez répressif. H. Rollet doit céder sa place à un magistrat de carrière. L’administration lui reproche d’« être plus un professionnel des Patronages qu’un magistrat ».
Financé par Olga Spitzer et Chloé Owings, il crée en 1923 une association de Service Social de l’Enfance (SSE) qui travaille en lien avec les tribunaux. En 1925, il créé au sein du Patronage de l’enfance une clinique annexe de neuropsychiatrie infantile où le docteur Georges Heuyer assure la première consultation de cette discipline.
Henri Rollet, dont la dimension internationale est de plus en plus importante, contribue également à la création de l’Association Internationale de la Protection de l’Enfance et de l’Association Internationale des juges des enfants dont il est le Président d’honneur en 1930.
Parti en retraite en 1931, il est nommé Président de section honoraire et n’a, en fait, que très peu jugé à partir des années 1920. Il meurt en décembre 1934, alors que viennent d’éclater, trois mois plus tôt, les campagnes de presse contre les bagnes d’enfants. Bien que fortement critiquée par ses contemporains, H. Rollet incarne une figure incontournable et pionnière de la justice des enfants de la fin du XIXème siècle aux années 1930.
Texte : Jacques Bourquin
Archives de l’Association Henri Rollet
Ce fonds conservé aux Archives départementales des Hauts-de-Seine à Nanterre rassemble pour l’essentiel les archives de l’ancien Patronage de l’enfance et de l’adolescence et celles de la Tutélaire devenue Association Henri Rollet (aujourd’hui Esperem).
L’association Esperem
L’association Esperem est aujourd’hui l’héritière, par fusion associative, de La Tutélaire créée en 1914 par Henri Rollet.
L’Association Olga Spitzer (page d’histoire)
L’Association Olga Spitzer est fondée en 1923 par Henri Rollet, Chloé Owings et Olga Spitzer sous le nom de Service social pour l’enfance en danger moral. Elle est reconnue d’utilité publique en 1928.
La Fédération des Rayons de soleil (page d’histoire)
La première maison d’enfants « Rayon de soleil », inspirée par Henri Rollet, son premier président, ouvre en 1932 à Guebwiller. En 1937, les « Rayons de soleil » se réunissent dans une fédération.