Né en 1816 à Saint-Chély-d’Apcher (Lozère) où son père exerce comme médecin de campagne, Théophile Roussel est envoyé à Paris dès l’âge de 13 ans pour y effectuer ses études secondaires puis sa médecine. Très vite, il se distingue par des recherches sur les maux qui affectent les populations laborieuses : la pellagre de certaines zones rurales à laquelle il consacre sa thèse puis un voyage d’étude, le phosphorisme des ouvriers qui travaillent à la fabrication des allumettes chimiques. Il obtient l’agrégation en 1847 avec une thèse sur les maladies cardiaques.
De retour en Lozère, il s’engage en politique comme républicain modéré et se fait élire député sous la Seconde République de 1849 à 1851, puis plus longuement sous la Troisième République de 1871 à 1876 avant de rejoindre le Sénat en 1879 jusqu’à sa mort. A la Chambre, il est l’auteur d’une proposition de loi adoptée en 1873 tendant à réprimer l’ivresse publique et à combattre les progrès de l’alcoolisme. Mais on lui doit surtout la loi « Roussel » de protection de l’enfance du 23 décembre 1874 qui organise la surveillance des enfants placés en nourrice pour lutter contre une mortalité infantile qui peut atteindre 70 à 80% dans certains départements d’accueil. Il est alors président de la Société protectrice de l’enfance et membre de l’Académie de médecine.
C’est en tant que sénateur que Théophile Roussel s’intéresse à la protection des enfants moralement abandonnés et participe à ce sujet aux travaux de la nouvelle Société générale des prisons. Dans la proposition de loi qu’il dépose en 1882, il préconise en particulier de créer deux nouvelles catégories d’établissements qui porteraient le nom d’écoles : des « écoles industrielles » pour les délaissés et des « écoles de réforme » pour les enfants. La loi est adoptée sept ans plus tard à la Chambre, le 24 juillet 1889, mais en conservant le cadre pénitentiaire existant et en ne retenant que le principe de la déchéance de la puissance paternelle. Il concourt également à la loi de 1893 sur l’assistance médicale gratuite à destination des indigents. D’autres de ses importants travaux de sénateur demeurent sans suite, comme son enquête en 1881 sur l’assistance publique et l’assistance privée, ou son rapport en 1882 sur la révision de la loi de 1838 sur les aliénés.
Théophile Roussel s’investit aussi largement dans la vie économique et politique de son département. Il y décède en 1903 à Albaret-Sainte-Marie.
Texte : Sylvain Cid
Source illustration : Portrait de Théophile Roussel en habit d’académicien par Y. Tournay, 1898. Mairie de Saint-Chély-d’Apchier. Photo M. Selb dans : Michel Blondel-Pasquier, Théophile Roussel (1816-1903), page de couverture
Banque iconographique de la BIU Santé
La BIU Santé propose en ligne plusieurs ressources sur Théophile Roussel.
Base de données des députés et sénateurs français depuis 1789
Cette base de données propose des biographies des parlementaires français depuis la Révolution et précise les différents mandats qu’ils ont exercés à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Blog de Didier Dubasque
Dans un post daté du 29/01/2020 sur son blog dédié au travail social, Didier Dubasque revient sur la figure de Théophile Roussel comme « père de la protection de l’enfance ».
Le Centre hospitalier Théophile Roussel à Montesson
Cet établissement porte le nom de Théophile Roussel depuis 1902, année de sa conversion en « école de préservation » ouverte aux enfants placés par des magistrats, aux enfants indisciplinés des écoles primaires confiés par leurs parents et aux pupilles difficiles de l’Assistance publique.