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Scoutisme et rééducation

Notice

Après la virulente campagne de presse contre les « bagnes d’enfants » de l’entre-deux-guerres, Marc Rucard, garde des Sceaux sous le Front populaire, décide d’amorcer une timide réforme des établissements pour mineurs. Il sollicite Jacques Guérin-Desjardins (commissaire national des éclaireurs unionistes de France de 1923 à 1936, totémisé Cerf Agile) pour diriger un projet de formation de vingt futurs moniteurs éducateurs, mis à disposition par l’Éducation nationale et appelés à travailler dans la maison d’éducation surveillée de Saint-Maurice (dans l’actuel Loir-et-Cher). La session a lieu à Fresnes de novembre à décembre 1936. Formés aux méthodes scoutes, ces jeunes moniteurs sont envoyés en janvier 1937 à Saint-Maurice où ils se heurtent à l’immobilisme de l’institution et à la mauvaise volonté du personnel et de la direction en place ; ils finissent par démissionner. En 1940, une nouvelle expérience est tentée au centre privé de rééducation de Ker Goat près de Dinan à l’initiative de la cheftaine Anne-Marie de la Morlais, assistante sociale et guide de France, qui fait à son tour appel à de jeunes scouts pour encadrer les jeunes accueillis. Malgré les conditions misérables du démarrage, Ker Goat fait rapidement figure de modèle. Les premières écoles d’éducateurs qui apparaissent à partir de 1942 utilisent toutes ces méthodes (camps, veillées, jeux de piste, froissartage…) dont on souligne même les vertus thérapeutiques. Cette appartenance aux différents mouvements du scoutisme devient très prégnante dans les premières générations de professionnels, qu’ils soient éducateurs, assistantes sociales ou même juges des enfants. Cet engouement est à questionner : ne s’agissait-il pas de rénover à peu de frais l’image ternie du personnel pénitentiaire, tout en se faisant l’apôtre de l’esprit de service et de la débrouille ? Si les mouvements scouts ont été un vivier de recrutement pour les encadrants, en revanche l’idée de créer des troupes au sein des établissements de rééducation a été loin de faire l’unanimité. Afin d’éviter d’intégrer les « mauvais garçons », les mouvements scouts se sont souvent montrés réservés à l’idée que les éducateurs organisent le rituel de la « promesse » dans les centre d’accueil pour enfants de Justice ; rituel pourtant indispensable pour obtenir la carte scoute.

Texte : Mathias Gardet

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