Olga Spitzer (1882-1971) a participé, par son engagement dans le secteur associatif socio-judiciaire, à la réforme de la justice des mineurs, entre 1912 et 1960. Issue d’une bourgeoisie cultivée et polyglotte, ses proches (père, époux) travaillent dans la finance internationale.
Le rôle d’Olga Spitzer est représentatif de la position des philanthropes républicains du début du XXe siècle dans lequel s’inscrit un courant de la philanthropie juive. Il s’agit de contribuer à l’édification d’un Etat « social et prévoyant » où, suivant la doctrine solidariste, la part prise par les associations, les œuvres et les professionnels qualifiés est considérée prépondérante. C’est dans ce contexte sociopolitique qu’Olga Spitzer tient à la fois un rôle d’instigatrice, de mécène et de défenseure de la cause des enfants (victimes, difficiles ou délinquants) en exerçant son influence auprès de personnalités gouvernementales.
Après avoir apporté, en 1912, une importante contribution au patronage de l’enfance et de l’adolescence fondé antérieurement par le juge Henri Rollet (1860-1934), elle devient, en 1923, la bienfaitrice d’une association prototypique, le service social de l’enfance en danger moral (SSEDM), près du tribunal pour enfants et adolescents (TEA) de la Seine. Ce tout premier service d’enquêtes sociales est destiné à rendre fonctionnelle la loi de 1912 sur les TEA, du moins à Paris, et il servira de modèle pour l’équipement de plusieurs cours d’appel en province pendant l’entre-deux-guerres.
La volonté d’Olga Spitzer et de ses associés (Henri Rollet, Chloe Owings, Paul Fauconnet, Hélène Landry-Campinchi, Théodore Simon) est de confier cette activité aux assistantes de service social dont le diplôme est alors en voie de reconnaissance (1932). Olga Spitzer va soutenir financièrement le SSEDM puis le Centre d’Observation de Soulins (1929), tout en réclamant que l’Etat et les autorités publiques assument leurs responsabilités en la matière, ce qui n’adviendra qu’après la Seconde Guerre mondiale.
Olga Spitzer apportera sa contribution à de nombreuses réformes : décrets lois de 1935 sur la protection de l’enfance ; préparation des ordonnances de 1945 relatives à la délinquance des mineurs ; mise en œuvre de l’ordonnance de 1958 sur l’assistance éducative auprès des mineurs en danger, etc. Un an après le décès d’Olga Spitzer, l’association SSEDM qui comptait alors une dizaine de services et de structures prit le nom de sa bienfaitrice.
Texte : Michèle Becquemin