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Témoignages d’anciens

Notice

Peu nombreux sont les ancien·ne·s qui s’autorisent à témoigner de leurs parcours d’enfant en justice. La grande majorité de ces enfants placés ou incarcérés demeurent silencieux. Et les raisons qui les poussent à garder le silence sont toujours douloureuses : les faits dont on a honte, ceux dont on se sent coupable, la sensation d’être jugé et surtout l’impression de ne pas pouvoir être compris. Prendre la parole quand on se sent disqualifié par le regard des bonnes gens qui ne voient en vous qu’un cas social ou un délinquant peut replonger dans le désarroi. Dénoncer un système, vécu comme maltraitant, face à un discours social dominant méprisant, représente une épreuve. Evoquer la rupture brutale qu’entraîne un placement, la solitude, la tristesse et la douleur qui en découlent, c’est prendre le risque de souffrir une deuxième fois. Dévoiler un passé honteux ou traumatisant c’est se mettre en danger car cela peut parfois gravement entacher l’image que l’entourage s’est faite de la personne adulte que l’on est devenue.

Si les raisons de se taire sont très nombreuses, quelques un·e·s ont parfois trouvé la force de les dépasser et ont osé témoigner. Certains (assez rares) comme François Truffaut (cinéaste 1932-1984), ont même utilisé quelques éléments de leurs parcours en justice dans leur création et en ont été récompensés (prix de la mise en scène au festival de Cannes en 1959 pour le film Les 400 coups), d’autres (plus rares encore) ont parfois apporté un témoignage « positif » de leur placement. Mais la grande majorité des anciens enfants de justice évoquent un système de prise en charge dur, incompréhensible et irrespectueux de leur personne, dans lequel ils se sont sentis perdus et maltraités à l’âge sensible et fragile de l’enfance ou de l’adolescence. Cependant, dans des parcours institutionnels souvent chaotiques et très difficiles, certains reconnaissent avoir fait des rencontres positives avec quelques professionnels (juges, éducateurs, instituteurs…) dont la bienveillance a constitué une aide précieuse et rendu leur placement pas totalement insupportable.

Rares, les témoignages d’anciens sont d’autant plus précieux. Ecouter et recueillir ces paroles souvent émouvantes, dérangeantes et parfois encore révoltées, c’est comprendre, reconnaître et « réhabiliter » l’enfant de justice d’un passé pas très éloigné de notre présent.

Texte : Danièle Brière

Source illustration : couvertures des ouvrages Les Hauts murs d’Auguste Le Breton, L’Astragale d’Albertine Sarrazin, Miracle de la rose de Jean Genet ; suivies de l’affiche du film Mauvaises filles d’Emerance Dubas (2022)

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