Notice
Née le 2 mai 1931 dans le Haut Rhin dans une famille très modeste de parents séparés (le père, italien repart en Italie en laissant femme et enfants), Charlotte Toscani obtient une bourse mais préfère renoncer à ses études en hypokhâgne et en psychologie pour se mettre à travailler dès 1950.
Engagée dans les Éclaireuses de France très jeune, elle s’intéresse tôt aux questions éducatives (psychanalyse, pédagogie active). Elle fait ses débuts d’éducatrice dans un des premiers centres éducatifs laïcs recevant des jeunes filles qui dépend de l’Association Lorraine de sauvegarde de l’Enfance. Elle y est chargée pendant près de deux ans d’une classe pour élèves à lourd handicap scolaire. Elle confie des décennies plus tard : « (…) c’est l’expérience la plus riche de ma vie d’éducatrice ». Après un passage au collège de jeunes filles de Remiremont (Vosges) en 1952 où elle exerce comme maîtresse d’internat, elle passe le concours d’éducateurs en 1953 à l’Institution publique d’éducation surveillée (IPES) de Brécourt. Elle y poursuit son séjour par son stage pratique qui lui laisse un souvenir pénible. En dépit de quelques obstacles, elle finit par entrer à l’Éducation surveillée en février 1954 avec un premier poste à l’Institution spéciale de l’Éducation surveillée (ISES) de Lesparre qui vient d’ouvrir. Elle rencontre Roger Merle (éducateur au centre d’observation de Marseille) avec lequel elle se marie le 27 décembre 1955. Suzy Pavone et Jacqueline Lepoire, respectivement directrice et éducatrice à Lesparre, sont ses témoins. Elle mène une vie d’éducatrice très intense où vie privée et professionnelle sont intriquées. Elle se forme dans diverses institutions (Vaucresson, IPES de St Maurice) puis est titularisée en 1956. Elle se stabilise au Centre d’observation public de l’éducation surveillée (COPES) de Savigny sur Orge où avec son mari ils sont engagés comme éducateurs. Elle y poursuit dès lors sa carrière et occupe divers postes comme secrétaire pédagogique, animatrice et chef de service éducatif à partir de 1964. Elle gère le « service régulateur » (organe de liaison et coordination inter-postes d’observation), contrôle les travaux d’observation et est chargée de l’organisation de la bibliothèque.
En dépit de compétences amplement déployées, sa carrière et son avancement tardent à se concrétiser. D’un côté on lui reconnait une intelligence très vive, une grande implication, de l’autorité, des compétences étendues et de l’ascendant mais on lui reproche également une forme d’insubordination, d’impulsivité et de manque de maîtrise de soi.
Alors qu’elle reprend des études en psychologie, après un passage bref et peu heureux à la Consultation d’orientation éducative (COE) de l’Arbre Sec en 1975, elle obtient une mutation en mai 1976 au Foyer d’action éducative (FAE) de Salomon de Caus où elle exerce comme psychologue. Après un doctorat en psychologie obtenu en 1980 et la réussite au concours de psychologue en 1983, elle obtient enfin sa titularisation comme psychologue en 1985. Elle finit sa carrière en se passionnant pour la recherche. Ainsi dès 1988 elle exerce à mi-temps entre l’Institution spéciale de l’Éducation surveillée de Salomon de Caus et le Centre de recherche interdisciplinaire de Vaucresson (CRIV) et elle produit notamment de nombreux travaux sur la question des jeunes et du SIDA. Retraitée en 1993, elle poursuit une vie intellectuelle notable et fait paraître divers travaux notamment sur la construction de la profession de psychologue dans le champ de la Justice des mineurs. Elle s’éteint le 28 février 2017.
Texte : Séverine Dard