
Henri Joubrel et Jean Chazal (1957)
Jean Chazal et Henri Joubrel se rencontrent, d’après le souvenir du premier, à l’automne 1943. Jean Chazal est un magistrat de 36 ans, il est depuis le mois d’avril chargé auprès du secrétariat à la Santé et à la Famille de la coordination des politiques en faveur de l’enfance déficiente et en danger moral. Henri Joubrel a 29 ans, il vient de quitter la magistrature où il n’a fait qu’un bref séjour, avant de devenir Commissaire national des Eclaireurs de France pour la sauvegarde de l’enfance. Il s’applique à faire la propagande de l’expérience novatrice du centre de Ker Goat et effectue pour ce faire plusieurs voyages entre la Bretagne et Paris. « M. Jean Chazal, écrira-t-il, fut non seulement acquis d’emblée aux idées nouvelles, mais il en suscita de nombreuses. Les pionniers trouvèrent en lui plus qu’un allié, un ami. » De Joubrel, Jean Chazal écrira : « Je fus tout de suite frappé par son regard lumineux, par la flamme qui l’animait et par une énergie morale qui lui permit longtemps de surmonter les fatigues dues à la fragilité de sa constitution. Il devint vite pour moi un ami. » Les deux compères se retrouvent aux Conférences de Méridien, ou pour jeter les bases d’une formation de cadres rééducateurs à Montesson avec Jean Pinaud. « Mais pour bien cerner [la] personnalité [d’Henri Joubrel] dira Jean Chazal, il fallait le voir dans sa Bretagne natale. » Henri Joubrel y possède à Saint-Malo « un étonnant appartement entre ciel et mer ». C’est là, « au contact de ses racines » qu’il reçoit ses amis et garde l’habitude, après une conversation, de s’approcher de la fenêtre pour contempler le port de pêche, la mer et les îles en « roulant sa cigarette légendaire ».
Texte : Sylvain Cid
Source : AIEJI, Henri Joubrel, témoin et acteur de l’évolution de l’action éducative et sociale 1914-1983, Imprimerie administrative de Melun, 1985