Notice
Le centre d’accueil et de triage de Villejuif est ouvert, dans le département de la Seine, le 7 juin 1943, par le service d’Education Surveillée dépendant du ministère de la justice. Son ouverture est liée à l’application de la circulaire du Garde des Sceaux du 21 mars 1942 relative à la détention des mineurs. Il s’agit d’éviter la prison pour des jeunes arrêtés qui attendent que l’autorité judiciaire statue sur leur cas .Cette circulaire préfigure la loi du 27 juillet 1942 sur l’enfance délinquante qui privilégie l’observation de ces mineurs. Plusieurs centres d’accueil et de triage sont ouverts dans le secteur privé, le service de l’Education Surveillée en ouvre 5 dont 3 à Paris (Les Tourelles, rue de Crimée, rue de Madrid) et 2 dans le département de la Seine (Charenton et Villejuif).
Le centre de Villejuif est installé dans deux pavillons de l’hôpital psychiatrique de la ville pour « soulager » le centre des Tourelles, une caserne de gendarmerie au régime très pénitentiaire. Prévu tout d’abord pour 80 jeunes, Villejuif en reçoit le double, courant 1944. Il est dirigé par Jean Buzenac, engagé en 1937 comme moniteur-éducateur à Saint-Hilaire et futur juge des enfants. Un rapport d’inspection de mai 1944 rédigé par Jean Pinatel, inspecteur général des services de l’administration, nous apporte des éléments intéressants sur le centre. Il souligne « l’impulsion et le dynamisme » de son directeur qui met en place une vraie structure d’observation, avec trois assistantes de psychologie et un psychiatre. Le rapport évoque sur le plan pédagogique l’existence de groupes scolaires, de pédagogies actives, l’importance accordée aux loisirs à l’intérieur du centre.
Dès 1945, ces pratiques évoluent, on parle du centre d’observation de Villejuif, un journal est rédigé avec les jeunes, on souligne toutefois des lacunes en ce qui concerne l’orientation professionnelle. Le centre de Villejuif est rattaché administrativement au nouveau centre d’observation de Savigny, ouvert en 1945.
C’est seulement en 1950 qu’il sera fermé pour être inclus dans le Centre d’observation de Savigny.
Texte : Jacques Bourquin