ZAZZO René (1910-1995)

René Zazzo est né à Paris le 27 octobre 1910 dans une famille modeste. Au terme de ses études de philosophie en 1933, fort d’une bourse d’études à l’étranger, il se rend à Yale pour travailler auprès d’Arnold Gesell, à la Clinique du développement de l’enfant où il s’imprègne notamment de la conception holiste du développement proche de celle de Wallon auprès de qui Zazzo construit toute sa carrière.
Très tôt, René Zazzo est un homme engagé. Ainsi en 1934, il démissionne de son récent poste de surveillant au centre de rééducation de Montesson dont il dénonce les abus et mauvais traitements dans le reportage « les cages pour enfants » paru dans Vu. Adhérent au Parti Communiste Français, il devient résistant pendant la guerre et plus tard co-signe le manifeste des 121 soutenant le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie.

Sa double carrière de clinicien et d’enseignant-chercheur fait de lui un homme aux multiples contributions. Il intègre en 1936 le laboratoire de psychobiologie de l’enfant auprès de Wallon et en 1940 le laboratoire de psychopathologie à l’hôpital Henri-Rousselle qu’il dirige jusqu’en 1980. Parallèlement, il débute l’enseignement à l’Institut de psychologie de l’université de Paris, y devient professeur et participe à la création du département de psychologie à l’université de Paris-Nanterre où il enseigne de 1967 à 1980.
Dans les années 1950, avec son épouse Bianka, il s’intéresse à la question de l’influence du cinéma dans la construction de la pensée des enfants participant aux débats sur les effets réels du cinéma dont il est un fervent défenseur.
Prolongeant l’œuvre d’insertion de la psychologie dans l’éducation entamée par Alfred Binet, il se bat pour faire exister la psychologie scolaire afin de prévenir les échecs scolaires plutôt que de dépister les enfants déficients. Avec ses collaborateurs, il précise les avancées de Binet dans une révision du test Nouvelle Échelle métrique de l’intelligence, le NEMI en 1966. Ce test permet d’appliquer le diagnostic progressif qu’il prône (Manuel pour l’examen psychologique de l’enfant, 1960) et de mettre en avant la notion d’hétérochronie (Les Débilités mentales, 1979) : l’enfant déficient, comparé à l’enfant normal, se développe à des vitesses différentes selon les différents secteurs de la vie psychologique.
Par ailleurs, en 1960 René Zazzo publie sa thèse soutenue en 1958 sous la direction de Piaget. Son ouvrage Les jumeaux, le couple et la personne, qui fonde sa notoriété, met à jour la complexité d’une construction identitaire dans la gémellité. Après avoir examiné de multiples couples de jumeaux, il défend l’idée que plus les jumeaux se ressemblent physiquement, plus il leur est nécessaire de se distinguer dans leur personnalité, de façon à exister en tant que personne et à manifester une identité.

Enfin, en 1974 avec l’idée d’un colloque imaginaire sur l’attachement, il contribue de façon décisive à faire connaitre un concept, très utilisé aux États-Unis, mais alors ignoré en Europe francophone.
Marié à Bianka Zazzo, spécialiste de la psychologie de l’adolescence, et père de trois garçons René Zazzo décède à Paris, le 20 septembre 1995 à Perros-Guirec.

Auteur : Séverine Dard