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Corenc (1964-1977)

Notice

L’ISES (institution spéciale d’éducation surveillée) pour « filles difficiles » de Corenc (Grenoble) ouvre ses portes en 1964 avec un projet pédagogique innovant destiné à pallier les limites relevées à Lesparre.
Ainsi, un nombre restreint de mineures est fixé (30 places maximum), le traitement est individualisé, le temps en internat est raccourci au profit d’un placement professionnel à l’extérieur et un système progressif est mis en place allant de la semi-liberté au milieu ouvert.
En 1966 sur 26 mineures, 20 ont un emploi où elles se rendent en voiture avec chauffeur mais aussi en vélo solex (une vraie innovation associée à un atelier inédit). Cependant l’expérience est fragilisée pour plusieurs raisons : l’absence de « home de semi-liberté » pour faire la jonction entre le semi-internat et la post-cure et l’absence de psychothérapies alors qu’un tiers des jeunes filles au moins en ont besoin. Par ailleurs l’équipe éducative, peu expérimentée et confrontée à des situations complexes doit souvent limiter son action à une simple gestion du quotidien évinçant les projets personnels de chaque mineure.
Par ailleurs, Corenc conçu comme « le placement de la dernière chance », alternative au monde carcéral, ne se départ pas néanmoins d’héritages funestes : « décrassage » en amont, chambres fermées à clé, recours ponctuel à une salle d’isolement capitonnée en cas de crises, coupe de cheveux pour les fugueuses. Les activités sont limitées : atelier de couture, participation aux services généraux du foyer (buanderie, cuisine, jardin, ménage).
Les Jeux d’hiver et les évènements de mai 1968 entraînent des perturbations, un esprit revendicatif qui, associés aux conditions de travail contraignantes de l’équipe éducative, débouchent sur un renouveau de l’établissement en 1970.
Rattaché au Centre d’orientation et d’action éducative (COAE), le foyer d’action éducative (FAE) de Corenc, dirigé désormais par Mme Mercy, fonctionne dès janvier 1971 avec une formule rénovée. Le nouvel ancrage régional permet de recruter les jeunes filles des environs, d’accéder aux emplois locaux, avec un réseau d’employeurs compréhensifs face à des comportements parfois peu adaptés au monde du travail et de travailler directement avec les familles. Par ailleurs le nouveau lieu bénéficie d’une équipe éducative mixte, de l’intégration d’un psychiatre et d’une psychologue, d’un éducateur référent et d’un projet pédagogique individualisé pour chacune des 15 jeunes filles. Il propose de nouvelles activités (atelier d’expression corporelle) ouvertes sur l’extérieur (weekend en Ardèche, séjour de ski…) et complète le dispositif par la création d’appartements éducatifs à la Villeneuve, instruments de post-cure.
En dépit de cette nouvelle dynamique, l’absentéisme scolaire, le contexte de chômage croissant, un climat de violence et les tensions internes, enfin le déclin des admissions conduisent l’administration centrale à décider la fermeture en juillet 1977.

Texte : Séverine Dard

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