Logo Enfants en justice
Portail
Logo Ministère de la justice
Portail

En mai 1947, une révolte éclate à Fresnes dans les bâtiments réservés aux filles de Justice. La presse en fait ses gros titres condamnant la violence des jeunes détenues. Le Ministère de la justice à son tour publie un communiqué se dédouanant en quelque sorte du dérèglement de la situation, en soulignant qu’il s’agissait des éléments les plus incontrôlables. Les lettres des filles à leur éducatrice nous interrogent cependant sur le mécanisme et la hiérarchie des placements ainsi que sur la notion d’inéducable. La plupart des mineurs de Fresnes proviennent au départ de l’institution corrective de Clermont, ancienne maison centrale pour femmes réaménagée pour les filles les plus « difficiles ». À la fermeture de l’établissement en 1940, elles sont transférées provisoirement (un séjour en fait de 6 ans) dans un quartier spécial de la Maison centrale de Rennes, avant d’atterrir tout aussi provisoirement dans des locaux désaffectés de la prison de Fresnes. Dans un tel contexte, la révolte n’est-elle pas plutôt liée à la dégradation des conditions d’accueil et à la prégnance de cet univers carcéral ? Par ailleurs, la définition de l’inéducable ne se réfère pratiquement jamais à la gravité du délit commis par le mineur, mais beaucoup plus à son comportement au sein de l’établissement. Elle est de ce fait forcément aléatoire.